Flash Back
La vérité, c’est qu’on est jamais assez préparé pour le changement radical. On peut s’imaginer de multiples scénarios hypothétiques et s’y voir les traverser sans turbulences, mais ce n’est pas, ne sera jamais un entrainement suffisant pour « la vraie vie » Il s’agirait plus tôt de se jeter sur le terrain à corps perdu, vulnérables, mais fort de cette vulnérabilité. Je n’étais pour ma part certainement pas prête à quitter l’Australie de manière aussi précipité, ni d’écrire le point final de la plus folle aventure de ma vie.
C ’est alors que le jour J, le jour décisif du départ d’Australie a sonné le 10 avril 2020, un mois plus tôt que la date initialement prévue du départ. 10 heures avant le décollage, mon sac n’était toujours pas fait, les derniers préparatifs n’étaient toujours pas amorcés. Seuls ces fameux scénarios imaginaires occupaient mon esprit.
La veille du départ, nous étions tous autour d’un énorme feu de bois à écrire nos vœux et rêves sur des morceaux de papier, pour ensuite les jeter dans le brasier, le laissant ainsi se charger de nos destinées. Je me rappelle penser: « C’est ainsi que tout le monde devrait s’occuper de ses rêves. » Un rêve ne devrait être rien d’autre qu’une étincelle flamboyante capable de déclencher un brasier. Ce soir là, le dernier soir en Australie, mon souhait n’était pas pour moi mais pour toutes les personnes également assises autour du feu. Le lendemain il ne restait qu’une odeur entêtante de cendre sur nos vêtements et le sentiment amer que nous étions bel et bien à la fin de ce que fut un vœux. | ![]() |
« C’est ainsi que tout le monde devrait s’occuper de ses rêves. »
De la nuit au jour, tout avait changé. Des expressions sur les visages, jusqu’aux discussions. Le matin venu, chaque conversations semblaient en dissimuler une autre. Les « Vous avez commencé à faire vos sacs? » voulaient dire « alors ça y est, vous allez vraiment le faire, vous allez vraiment partir » et nous pouvions percevoir des « vous allez nous manquer » chaque fois que la question : « à quelle heure est votre vol ? » nous était posée. Ainsi la nostalgie d’un passé-présent avait envahit notre paradis sur terre, l’innocence propre à Alice Springs se dissipait au fur et à mesure que l’heure des « au revoir » approchait. Quand l’heure du départ fini par sonner plus tôt que prévue (car notre vol avait été avancé d’une heure), je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était l’Australie qui nous chassait à grand coup de pieds, une fois de plus, mais de manière décisive cette fois-ci. Il est vrai que durant cette année à appeler l’Australie « ma maison » celle ci ne m’avait pas épargnée. Un ami indien rencontré à Alice Springs m’avait dit un jour : « L’Australie est ta nouvelle maman. Elle va te tester, te faire regarder au plus profond de toi- même, pour finalement t’accepter au creux de ses bras jusqu’à ce qu’il soit temps pour toi de repartir, et de tout recommencer »
C’est ainsi que mes dernières heures en Australie se sont déroulées. Dans une tempête de souvenirs et d’émotions insoupçonnées, surgissantes, semblables à la tempête de sable qui m’avait accueilli lors de mon premier jour à Alice Springs. Tout était flou, tout tournait vite autour de moi, mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir la rare beauté de ce moment.
A bientôt, Mama Australia.
