Les oeufs de Chiang Mai

Les oeufs de Chiang Mai

Le 747-200 de la Garuda Indonesia m’attendait sur le tarmac de Charles de Gaulle : Direction Bangkok avec, sans doute pour des questions d’économie carburant, refuelling à Abu Dhabi. C’était parti pour un petit périple de 15 jours, sac au dos, guide Lonely Planet dans la poche (en anglais s’il vous plaît, c’était les plus détaillés)  : et oui un voyage « roots » comme on dit aujourd’hui, ça s’organise afin d’optimiser au maximum tous les frais. Très bon par ailleurs pour affiner mon anglais brinquebalant…

A bord du Jumbo le service à bord était parfait, compagnie asiatique oblige. L’équipage faisait passer une feuille en anglais de rangées en rangées, une feuille où était mentionné l’altitude, l’itinéraire, températures, heures locales etc… Pour les films c’était sur des écrans collectifs. A part le son et les écouteurs, tout à bien changé aujourd’hui, avec l’électronique ! L’approche en cette fin d’après-midi à Abu Dhabi était impressionnante de dépaysement : désert, puits de pétrole dressant leurs nombreuses torches enflammées, fumantes… L’aérogare avait une ambiance à la Lawrence d’Arabie, le film de David Lean avec tous ces gens “du désert”, nonchalants, dans cette nuit bien avancée.

Décollage à nouveau, et sept heures plus tard, après une petite sieste, l’extrême orient s’ouvre à moi ! Me voilà, douane passée, bagage récupéré, à la sortie de l’aéroport Don Muang. J’observe un jeune couple d’australiens (à moins qu’ils soient Anglais ?) Je tente une approche, et puis non : ils avaient l’air plus paumés que moi, et je voulai pas les stresser ! Hey mon gars (j’me cause) c’est la plongée dans le grand bain, direction le train, et ensuite Bangkok est à moi !

Autour de la gare principale de Hualamphong, comme presque partout, des petits vendeurs ambulants proposent des petits déjeuners, dont certaines friandises ressemblent à des accessoires de poupées Barbie, aux couleurs acidulées.

Embarquement pour le Triangle d’Or : J’étais à bord du train, dans  mon siège, le wagon ventilé par une batterie de ventilateurs verts. Je n’avais pas choisi cette fois la classe climatisée, car pas assez roots. Voyager et dormir dans un frigo : trop peu pour le MOI de cette époque, et puis le risque est grand d’attraper un rhume.

J’allai voyager avec des vieux, des jeunes, des couples Thai, des touristes aussi. J’avais entendu des histoires de vols, des touristes dépouillés par des passagers, qui après avoir sympathisé avec vous, vous offrent des bonbons ou friandises, assaisonnés au somnifère…

À Chiang Mai, porte d’entrée du triangle d’or, une fois installé dans ma guest house, je joua au parfait touriste. Visites classique, location  d’un scooter comme ce monsieur DE MAXIMY, pour monter au Wat Phrathat Doi Suthep, un temple bouddhiste, incontournable à Chiang Mai, en haut d’une colline. Je me sentais bien dans ce pays où, malgré le côté rudimentaire de certaines infrastructures, tout facilitait la vie des voyageurs indépendants.

Un type m’offrit une très belle carte de visite : dnp travel. Organisateur de marches dans le.. triangle d’or. Prix dans mon budget, je me laissa porter avec un petit groupe hétéroclite : Australiens, Anglais, Suisse je crois : objectif deux jours, une nuit de balade dans la campagne. un Pickup nous sorti de la ville et “l’aventure” pouvait commencer. Notre guide Thai nous ouvrit la voie : paysages magnifiques, monde rural paisible, au coeur d’une nature généreuse. Les premiers plans de Pavots ont très vite été repérés, nous narguant, au milieu des autres cultures, reconnaissables entre milles. Isolé  de tout, nous étions intrigués par notre guide : il portait depuis le pickup, une mystérieuse boîte à chaussures fermée par un ruban. Il en prenait soins et ne s’en séparait jamais. Mais qu’y avait-t-il d’aussi important dedans pour qu’elle soit ainsi protégée? Certains spéculent sur un antidote à serpent… D’autres des substances illicites ou pas, à échanger au village ce soir ? On devient vite parano vous savez… Le mystère resta entier jusqu’au soir, et bien sûr personne n’osa lui poser la question! Moi y compris.

Nous nous installâmes dans un charmant village,  dans une maison sur pilotis qui allait nous servir hôtel pour ce soir. La famille était à la fois discrète et présente et la place ne manquait pas. Le coucher du soleil avec ces rayons qui traversaient cette maison, à travers les murs en tek, produisait des ambiances fantastique de vie rurale. Très peu de lumière électrique bien sûr.

Tout à coup, dans cette demi pénombre, notre guide commença à défaire les liens de sa boîte à chaussures. Nous écarquillâmes les yeux pour deviner les trésors mystérieux qu’elle recelait: Non il ne voulait pas jouer au médecin avec son antidote, et non encore, ce n’était pas les substances illicites du Triangle d’Or…  Mais juste quelques œufs pour nous faire à manger ce soir tout simplement, bref un vrai pro ce guide

Fourbu après la soirée dans la tribu, nous nous sommes endormis sur les nattes à même le sol.

Au retour à Chiang Mai, nous décidons de réserver une séance de massage collective, conseillée par un membre du groupe, afin de requinquer nos organismes. Nous enfilons un kimono de soie, nous nous allongeons sur un tapis, dans une grande pièce climatisée. Ma toute petite masseuse, avec un petit sourire, entrepris son œuvre, en commençant par les doigts de pieds, puis évoluant minutieusement vers le haut de  mon corps; pour finir par le cuir chevelu. Le massage du ventre me donna l’impression que mes boyaux se déroulaient avec un petit chatouili. Le plus impressionnant c’est quand ce petit bout de femme entrepris de s’occuper de mon dos, me tordant dans tous les sens, plié de façon inconfortable, comme pris dans une prise de Kung Fu ou de Karaté. Tout à coup d’un geste précis elle fit claquer mon dos, comme si c’était un simple craquement des articulations des mains… Le temps sembla s’être suspendu, raccourci, car en sortant dans la rue, avec nos corps assouplis et requinqués, la nuit était tombé ! A nous un bon repas dans les marchés de nuit.

La suite de ce voyage : à nouveau le train vers Bangkok, et continuation vers l’île de Koh Samui. Mais c’est une autre histoire.

 

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