8 | Covid 19 Journal d’une Fleur dans les Terres Australes | Goodbye Australia

Flash Back

La vérité, c’est qu’on est jamais assez préparé pour le changement radical. On peut s’imaginer de multiples scénarios hypothétiques et s’y voir les traverser sans turbulences, mais ce n’est pas, ne sera jamais un entrainement suffisant pour « la vraie vie » Il s’agirait plus tôt de se jeter sur le terrain à corps perdu, vulnérables, mais fort de cette vulnérabilité. Je n’étais pour ma part certainement pas prête à quitter l’Australie de manière aussi précipité, ni d’écrire le point final de la plus folle aventure de ma vie.

C ’est alors que le jour J, le jour décisif du départ d’Australie a sonné le 10 avril 2020, un mois plus tôt que la date initialement prévue du départ. 10 heures avant le décollage, mon sac n’était toujours pas fait, les derniers préparatifs n’étaient toujours pas amorcés. Seuls ces fameux scénarios imaginaires occupaient mon esprit.

La veille du départ, nous étions tous autour d’un énorme feu de bois à écrire nos vœux et rêves sur des morceaux de papier, pour ensuite les jeter dans le brasier, le laissant ainsi se charger de nos destinées. Je me rappelle penser: « C’est ainsi que tout le monde devrait s’occuper de ses rêves. » Un rêve ne devrait être rien d’autre qu’une étincelle flamboyante capable de déclencher un brasier. Ce soir là, le dernier soir en Australie, mon souhait n’était pas pour moi mais pour toutes les personnes également assises autour du feu. Le lendemain il ne restait qu’une odeur entêtante de cendre sur nos vêtements et le sentiment amer que nous étions bel et bien à la fin de ce que fut un vœux.L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est feu-australie-covid-576x1024.jpeg.

« C’est ainsi que tout le monde devrait s’occuper de ses rêves. »

De la nuit au jour, tout avait changé. Des expressions sur les visages, jusqu’aux discussions. Le matin venu, chaque conversations semblaient en dissimuler une autre. Les « Vous avez commencé à faire vos sacs? » voulaient dire « alors ça y est, vous allez vraiment le faire, vous allez vraiment partir » et nous pouvions percevoir des « vous allez nous manquer » chaque fois que la question : « à quelle heure est votre vol ? » nous était posée. Ainsi la nostalgie d’un passé-présent avait envahit notre paradis sur terre, l’innocence propre à Alice Springs se dissipait au fur et à mesure que l’heure des « au revoir » approchait. Quand l’heure du départ fini par sonner plus tôt que prévue (car notre vol avait été avancé d’une heure), je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était l’Australie qui nous chassait à grand coup de pieds, une fois de plus, mais de manière décisive cette fois-ci. Il est vrai que durant cette année à appeler l’Australie « ma maison » celle ci ne m’avait pas épargnée. Un ami indien rencontré à Alice Springs m’avait dit un jour : « L’Australie est ta nouvelle maman. Elle va te tester, te faire regarder au plus profond de toi- même, pour finalement t’accepter au creux de ses bras jusqu’à ce qu’il soit temps pour toi de repartir, et de tout recommencer »

C’est ainsi que mes dernières heures en Australie se sont déroulées. Dans une tempête de souvenirs et d’émotions insoupçonnées, surgissantes, semblables à la tempête de sable qui m’avait accueilli lors de mon premier jour à Alice Springs. Tout était flou, tout tournait vite autour de moi, mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir la rare beauté de ce moment.

A bientôt, Mama Australia.

L’Outback, Alice Springs se trouve exactement au centre du continent australien.

6 | Covid 19 Journal d’une Fleur dans les Terres Australes | Retour acte 2

Le téléphone sonne à 06H00 du matin, heure de France : C’est ma fille des terres australes en visio : Un ami devait prendre un vol à 13H00 qui a été annulé. Elle : Est ce que tu as reçu à tout hasard des infos pour le notre, ce soir ? La tête dans le col-tard (cette expression existe encore?), je rassemble en une seconde mes neurones, éparpillés dans un douillet champs de coton. Très technique, la seule chose à faire, lui dis-je, regarder son dossier sur le site de la compagnie. Les astres étaient avec nous : son instinct, ou son 6ème sens à bien œuvré ! Son vol pour Sydney est avancé d’ 1 heure 30 ! Pas d’annulation pour eux.

Là-bas dans le Northern Territory, un jeune couple précipite son départ vers l’aéroport provincial. Un pote à pu se libérer en dernière minute pour les véhiculer à l’aéroport d’Alice Springs. Un coup d’œil rapide à internet m’informe que son vol est en route de Darwin vers Alice Springs, puis redécollage pour Sydney, avec eux à bord, en tout cas nous l’espérons ! Nous attendons un Whatsapp salvateur, car s’ils loupent le vol, bonjour le boulot pour rattraper tout ça… à l’aide d’une carte de crédit sans doute.

C’est une visio salvatrice qui nous rassure enfin : après avoir passé deux checkpoints militaires spécial covid19, les voilà à l’aéroport : Tranquilles (enfin) relax… dans un bâtiment anormalement désert, au sol recouvert de peintures Aborigènes. C’est un Boeing 737, 9 ans d’âge, qui va les transporter vers Sydney, deux heures trente de vol plus loin. A bord un siège sur deux est neutralisé pour les protéger de ce virus… Un confort Business Class sans le vouloir (Sans la coupe de champagne végan)

Arrivée dans une ville de SYDNEY confinée, leur escale durera 24 heures. A l’aéroport on leur signale qu’il est interdit de rester si le vol est dans plus de 04 heures. Plan B activé : au lieu de dormir à l’aéroport en vrais Backpackers, direction un hôtel 4 étoiles à proximité, à prix ultra négocié, day use le lendemain inclus ( ils sont débrouillards les petits) . Impossible de pointer son nez hors de l’hôtel, la police est là et vous demande pourquoi vous sortez ! En tout cas les conditions s’annoncent bonnes avant la grande envolée de demain.

C’est un vol de 15HOO qui les attend, à bord d’un avion ultramoderne, puis une escale dans les pays du Golf, et enfin un « petit » vol de 06h30 pour rejointe la France.

Allez bonne nuit et à demain pour la grande envolée.