Entre deux : réflexions de vie, intro

Au départ, je voulais intituler mon texte sur ma reprise d’études, sur les étapes qui ont marquées ma reprise d’études, « Maman va à l’école ». Quel titre saugrenu ! Que veut dire cette phrase ? En effet, si maman va quelque part c’est soit en courses, au travail, chez le médecin, le coiffeur ou travaille dans une école ou elle va à l’école pour chercher les enfants. Mais ce n’est pas cela, non, maman va apprendre, réapprendre. Avec ce titre sous forme de phrase courte, le sujet, devient moi, le verbe, l’action que j’ai menée et le complément, aller vers l’école, vers un autre regard sur soi, sortir de cet entre-deux d’état mental, réapprendre, un état toujours d’actualité même après la formation.

Donc j’ai commencé par écrire mon texte sur l’histoire de ma famille, cette partie n’est pas encore prête. Ce projet d’écriture sur l’histoire familiale, sera pour mes enfants, pour m’exprimer, pour apporter mon point de vue sur une histoire commune à mes parents, mes frère et sœurs. Je l’ai toujours voulue, mais jamais concrétisée. Je n’en avais pas eu l’occasion ou l’impulsion pour le faire. Je me suis installée dans une vie d’adulte avec des responsabilités, des enfants, un emploi et une famille et je me suis laissée de côté.

Voilà où je me trouve aujourd’hui, face à mon écran d’ordinateur, comme au bord de la mer à regarder l’horizon, à sentir les embruns, le vent dans les cheveux, à essayer de me rassembler dans un ensemble, par des mots, des phrases, pour leur donner, pour retrouver un sens, tiraillée entre deux situations, être soi, une femme, dans la cinquantenaire qui se cherche, une mère toujours en activité et un être dans son désir d’apprentissage et de se former.

Ce texte m’a donné du fil à retordre car comment faire un travail de rédaction dans un quotidien bien rempli, une remise en cause sur les capacités à écrire un texte. J’écris dans ma vie professionnelle, des mails, compte rendus, courriers, rien de personnel,  des textes synthétiques, techniques, mais ces écrits sont distants de moi car cela n’évoque que la technicité d’une professionnelle.

La peinture que vous voyez est de Carolus Duran (1837-1917). Ce tableau est une vue du large qui a représenté ma volonté de suivre reprendre les études. Chose faite puisque de 2012 à 2015, je reprends mes études pour obtenir un Master de Sciences de l’Education.

Ma reprise d’études était là dans le noir de mon inconscient à attendre le bon moment pour sortir, bondir sur l’opportunité d’être reconnue dans la pratique de la formation. Il a suffi d’une rencontre qui vous change la vie pour que je suive cette formation. En fait, un jour parce que mes enfants avaient oubliés les clés de l’appartement, j’ai fait la connaissance de ma voisine du 3ème étage, Catherine. En effet, elle rentrait chez elle avec sa fille et me voyant ainsi dans l’embarras me proposa l’asile momentanément, le temps du retour de mon mari.

Elle me parla d’elle, formatrice, auto-entrepreneur, de la formation qu’elle avait faite, et là je me suis dit que c’était le moment. Je l’écoutais et je me reconnaissais dans son métier. Je lui ai parlé de mon projet personnel et elle me proposa son aide afin de le transformer en projet professionnel.

Coïncidences ? Une bouteille à la mer ramassée ? Un appel au secours qui a été écouté ? Mon esprit qui était en marche pour un changement mais je ne le savais pas ? Je ne sais pas comment expliquer cette rencontre. Grâce à son écoute, son empathie, elle m’a donné la possibilité de croire au changement. Un revirement de situation pour moi car dans mon domaine professionnel, c’est moi qui accompagne le changement des personnes en recherche d’emploi et dans leur définition de projet professionnel.

Tout mon entourage a salué mon courage pour ma reprise d’études. Pour moi, c’est peut-être plus courageux de rester dans sa pratique professionnelle et d’accepter avec résignation un quotidien de contraintes pour les enfants, pour la sécurité, pour le confort tout relatif que cela procure. Mais quel mal-être ! Que de frustrations et de désirs de vies bafouées ! C’est parce que je ne voulais plus de cette situation, et que j’avais ce projet depuis tellement longtemps en moi que je me suis lancée. Catherine me donna le lien vers  la dite formation…

J’ai ainsi pu développer mes propres réflexions, en interrogeant mes proches, ma mère en particulier, pour connaître sa façon d’apprendre, elle sait à peine lire et écrire.

J’ai redécouvert les sciences humaines (anthropologie, sociologie, ethnologie, sciences de l’éducation) avec leur complexité et des auteurs-chercheurs-enseignants qui bien que je n’ai pas tout compris à leurs théories m’ont ouvert les portes vers ces champs du possible, la théorie du genre, domaine passionnant.

Donc, je suis ici et maintenant tout en pensant à un ailleurs dans le passé.  Mon passé je l’ai laissé là où il est mais je ne peux pas m’en empêcher et c’est très remuant de le faire revenir d’aussi loin.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

I accept that my given data and my IP address is sent to a server in the USA only for the purpose of spam prevention through the Akismet program.More information on Akismet and GDPR.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.